Berlin

Quim Torra a été élu président de la Generalitat lundi après avoir insisté à plusieurs reprises dans son discours sur le fait que le président légitime de la Catalogne « est Carles Puigdemont », fuyant la justice. Torra se rendra à Puigdemont à Berlin ce mardi, pour son premier acte en tant que président. Au cours du débat, il a réitéré qu’une étape provisoire s’ouvrait, en même temps qu’il embrassait les aspirations du plan d’indépendance de l’automne dernier, qui a conduit à l’application de l’article 155 et l’intervention de la Generalitat. Plus d’articles politique sur http://www.objectifnews.com.

 

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La deuxième séance d’investiture a répondu au script prévu et l’abstention des quatre députés de la CUP a permis à Torra de relever Puigdemont de ses fonctions de président par 66 voix pour (Junts per Catalunya et Esquerra) et 65 contre (de toute l’opposition). Toutefois, son élection n’annonce pas l’ouverture d’une nouvelle étape, mais plutôt la poursuite de la contestation de l’Etat par la Generalitat et le Parlement que Puigdemont dirigeait déjà en septembre et octobre 2017, lorsque les lois furent adoptées en dehors du Statut et la Constitution et l’indépendance déclarée, ce qui entraîna l’emprisonnement ou la fuite des promoteurs.

 

Depuis son départ d’Espagne, l’ancien président a mené la ligne la plus dure du sécessionnisme et Torra a montré hier une grande considération à son prédécesseur au cours des trois interventions au Parlement. Il fait continuellement allusion à la figure de Puigdemont et lui offre sa position après avoir été investi, symptôme de l’ascendance qu’il aura sur Torra. Il a insisté sur le caractère  » exceptionnel et provisoire  » de son mandat et a promis qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour que Puigdemont, avec qui il tiendra aujourd’hui une conférence de presse commune à Berlin, retrouve son poste de président.

 

Le chef de la CFP, Miquel Iceta, a été très clair dans son avertissement. « Ne provoquez pas à nouveau pour éviter une autre application de 155, » dit-il, à un moment où la pression des citoyens augmente sur Mariano Rajoy pour ne pas lever l’intervention de la Generalitat jusqu’à ce qu’il assure un retour à la légalité. Dans ce sens, la nomination de conseillers qui sont en prison peut donner des arguments aux voix qui réclament une main dure. C’est un acte juridique, mais c’est à courte vue parce qu’ils seront probablement suspendus sous peu par la Cour suprême, quand elle confirmera leur mise en accusation.

 

Torra a avoué que « nous devions apprendre de nos erreurs », ce qui a été lu comme une référence à la déclaration d’indépendance du 27 octobre approuvée par le Parlement. Cependant, dans aucune des deux sessions d’investiture (samedi et lundi) cette date n’a été entendue, ni dans sa bouche, ni dans celle des groupes majoritaires du sécessionnisme.

 

Le candidat a insisté sur le fait que le processus constitutif qu’il propose passera de la « restitution des institutions » à ce qu’il considérait comme « l’expression ultime de la démocratie » : l’élaboration d’une Constitution catalane, autre aspiration frustrée de l’indépendance de l’automne dernier. Il a également prêté serment « d’allégeance au mandat » du référendum illégal du 1er octobre.

 

Torra a également déclaré qu’il récupérera les 16 lois approuvées par le Parlement qui ont été suspendues ou annulées par la Cour constitutionnelle après un recours du gouvernement. Si ces intentions se concrétisent, la Table de la Chambre pourrait être au bord de la désobéissance, comme ce fut le cas à la législature précédente.

 

Cette fois-ci, contrairement à son discours du samedi, Torra a détaillé un plan gouvernemental et promis de s’entendre sur des lois et des accords transversaux, ce que l’opposition a contesté. Elle s’est demandé si cela lui donnerait du temps, car ces propositions ont été entendues depuis longtemps et il faut des années pour les mettre en œuvre.

 

Torra a prédit que la clé de son mandat sera le procès prévu à l’automne contre les dirigeants indépendantistes, qui « mettra à l’épreuve » la Catalogne : « Nous devons tous nous montrer à la hauteur de la situation », a-t-il dit. L’ancien président Puigdemont a déclaré dimanche dans une interview accordée à La Stampa que des élections pourraient être convoquées à nouveau en octobre. La publication du jugement, quelles que soient les infractions imputées à l’accusé, sera déterminante dans ce calendrier.

 

Les tuits et les écrits aux teintes suprémacistes de Torra ces dernières années ont de nouveau été diffusés par l’opposition. Le candidat a de nouveau demandé pardon : « Je le regrette », a-t-il dit, tandis qu’Edouard Pujol (Junts per Catalunya) et Sergi Sabrià (ERC) ont insisté sur le caractère inclusif de la future république et l’unité de la société catalane.